La FAO pour une nouvelle révolution verte

Éric de La Chesnais
07/05/2009 | Mise à jour : 23:12 Journal Le Figaro du 14 mai 2009
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17 % de l'aideau développement doit être investie dans l'agriculture, soit cinq fois plus qu'actuellement.

L'appel sera-t-il entendu ? Pour combattre l'accroissement du nombre de personnes souffrant de la faim dans le monde - un milliard cette année - le directeur général de la FAO, Jacques Diouf, préconise des investissements massifs dans l'agriculture. «La part consacrée à l'agriculture dans l'aide au développement de 3 % actuellement est nettement insuffisante pour assurer la sécurité alimentaire mondiale, déplore le responsable de l'Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO), Jacques Diouf. Elle doit revenir à 17 % comme cela a été le cas lors de la révolution verte des années 1970 si nous voulons doubler la production alimentaire mondiale d'ici à 2050.»

Insécurité alimentaire

Effectivement, la révolution verte a permis à des pays en développement de profiter des avancées technologiques et scientifiques des agricultures intensives des pays industrialisés grâce aux travaux d'un chercheur américain, Norman Borlaug. Ce dernier, qui travaillait sur la sélection de céréales (riz et blé) à haut potentiel en rendement a mis au point des espèces adaptées à de nouvelles conditions climatiques. «Ce vaste programme mondial avait été entrepris pour éviter que les populations de l'Asie et de l'Amérique du Sud ne sombrent dans la famine, se souvient Any Castaings, aujourd'hui chargée de mission chez FranceAgrimer. Il a permis à l'Inde de devenir autosuffisant en céréales avec l'apparition d'une nouvelle sorte de blé, le blé barbu.»

Mais depuis 1970, la faim dans le monde s'est malheureusement propagée. Le continent africain est aujourd'hui celui qui abrite le plus grand nombre de pays affectés par l'insécurité alimentaire : «deux tiers des 32 pays qui nécessitent une aide d'urgence alimentaire s'y trouvent », selon Jacques Diouf. Cette révolution verte devrait donc passer impérativement par l'Afrique. Les sommes nécessaires pour la mettre en œuvre sont toutes relatives par rapport aux divers plans d'aides du secteur bancaire. «On ne peut pas comparer les mille milliards de dollars dépensés pour faire face à la crise financière (…) avec les sommes qui sont nécessaires pour permettre aux personnes de satisfaire leur besoin le plus fondamental, qui est de manger», a argumenté le responsable de la FAO.

Les besoins de financement pour une nouvelle agriculture s'élèvent à 30 milliards de dollars par an. «Et rien ne sert de recourir aux OGM, il faut utiliser les variétés actuelles » , ajoute le numéro un de la FAO . Car le problème de fond « est celui de l'irrigation où 3 % de l'eau de pluie est utilisée pour l'agriculture. Le reste part à la mer», déplore-t-il . Cela passe aussi par la construction de nouvelles routes et lieux de stockage. «30 à 40 % des récoltes sont détruites par manque d'infrastructures» , poursuit-il. Ne manque plus que la volonté politique pour sortir de l'ornière.